Méthodologie

Méthode ou, l’Art de bâtir Humain est la métamorphose de nos manières de penser

Méthodologie

Bien que l’architecture n’explique pas tout de la condition humaine, elle participe du développement favorable ou défavorable de l’Habitant, le valorisant ou pas, le pacifiant ou pas.

 

En ce sens, l’architecture doit réapprendre à dialoguer avec le monde du vivant, rechercher la cause et pas seulement les conséquences du mal-être des Habitats habités d’Habitants. Accompagner la métamorphose de l’habitant auquel elle se doit de tendre la main pour l’aider à avancer, se construire et se reconstruire.

Méthodologie

1 - Écoutez, observer, considérer

Notre rôle est d’être facilitateur, vecteur de pacification de l’être et à travers lui, vecteur de pacification de la société.

Fort de 25 années de terrain à oeuvrer avec et pour les personnes en situation de Handicap physiques, psychiques, sensorielles, mentales, les personnes avançant en âge, les personnes en rupture sociale, les femmes, les hommes, les enfants, les ados, les intellos et les moins intellos, les en santé et les moins en santé, bref, l’Humain dans toutes ses dimensions, du sensible au fragile en passant par le fort, certaines évidences se sont imposées à moi au fil du temps.

 

A oeuvrer, échanger et partager, avec et pour ; à observer et écouter le monde à travers leurs yeux, leurs oreilles, leurs sens, leurs sensibilités, leurs hypersensibilités, leurs limites, leurs forces, leurs peurs, leurs ressentis et leurs mots, j’ai beaucoup appris et surtout, j’ai compris, à l’échelle de l’infiniment subtil, ce qui constitue l’Homo.

 

J’ai compris qu’ils et elles nous parlaient de nous, de ce que nous sommes, de ce que nous ne pouvons ou voulons regarder en face et avons enfouie au très fond.
Ils et elles m’ont appris que sur l’échelle de l’Humanité, nous sommes celles et ceux du milieu. En amont et en aval, se trouve l’expression exacerbée ‘du nous’ et du ‘je’, ce ‘nous taiseux’. Ce nous taiseux dont le silence collectif assourdissant mène au haineux de ‘soi’. Ce soi que l’on taie parce qu’il renvoie à ce qui sort de la norme, fait peur et est anxiogène.

Certes, lisser le complexe, le subtil, a permis d’aller plus vite, au plus simple, mais il cela nous a aussi fait perdre les qualités de l’Humanité. L’architecture de la cité peut tout nous donner comme elle peut tout nous empêcher. 

 

Aux extrémités de cette échelle définissant l’Homo, nous trouvons donc, celles et ceux qui vivent, ressentent, expriment pleinement et sans retenue leurs corporalités, leurs sens, leurs joies, leurs peines et leurs peurs. Avec, d’un côté, celles et ceux qui ont 1jour, 1an, 2ans, 3ans, un handicap physique, sensoriel, mental ou sociétal ; et de l’autre, celles et ceux à qui il reste 1jour, 1an, 2ans, 3ans à vivre dans un corps fatigué. Tout ce qu’ils expriment, chacun-es à leurs manières, c’est tout ce que nous taisons. Il n’en reste pas moins que ce que nous taisons, nous le ressentons et que tout ce que nous taisons c’est ce qui, in-fine, nous rend malade, malheureux, agressifs, en un mot, c’est ce qui nous dé-pacifie.

 

C’est en cela que consiste notre travail, considérer autant les besoins physiologiques que l’importance de l’indicible, du sensible, de tous les sens, dont le toucher, sans lesquels les bébés se meurent et nous, nous dépérissons, comme l’a démontré « L’expérience interdite » de James IV, roi d’Écosse (vers l’an 1500).

 

Nadia Sahmi – Architecte DPLG – Bâtisseuse de lien social – AMO en qualité d’Us-âges

 

2. Les 4 dimensions de l'Homo

Il est possible de dessiner une autre vie. Une vie qui écoute les ressentis délaissés, instaure des bonheurs relationnels, des bonheurs pluriels, des bonheurs philocales, des bonheurs Biophiles.

Nous devons veiller à ce qu’elle permette d’entretenir des logiques d’actions facilités par des chemins de partage, des espaces de partage, ou encore, des mobiliers de partages. Des chemins, des espaces et des mobiliers qui deviennent des amis, des alliés, qui aident à rester en santé physique et, surtout, mentale.

En qualité de facilitateurs, nous devons œuvrer à dessiner des lieux de vieS qui participent à :

1- lever toutes les formes de maltraitance
2- lever toutes les formes de rejet
3- Mettre en œuvre les conditions d’accompagnement, d’anticipation qui autonomisent sans isoler
4- Maintenir en mouvement, actif, acteur
5- Maintenir en lien
6- Maintenir en santé physique et psychique

L’Homo est Biophile

La biophilie est le besoin conscient ou inconscient de nature et de biodiversité

 

Habitants et Biophilie, ou, tout ce qui répond au besoin inné de l’Homo de se connecter à la vie à travers son environnement naturel et le respect de sa biodiversité

 

Chercher des solutions à la transition écologique et démographique en les désolidarisant de l’essence même d’un Homo Biophile, Philocale, pluriel et additionnel est contreproductif. Ne jouer que sur les peurs est contreproductif. Informer les habitants des bénéfices psychologiques et physiologiques garantit par le contact avec la biodiversité de la nature est bien plus productif. 

 

Faciliter le contact avec la biodiversité et la nature est vital, la preuve en est, nous sommes fait de plus de 60% d’eau.

 

A travers même la réalité de biophilie, nous conscientisons et réinterrogeons le fait de vivre à côté de la nature et de la mettre à notre service. Nous réalisons que nous n’avons pas seulement besoin de la nature et sa biodiversité, mais que nous faisons liste commune. Que l’on ne peut plus toiser notre mère nourricière, nous nourrir en son sein et la rejeter lorsque son sein est vide, sans que les conséquences soient douloureuses pour le vivant, tout le vivant, donc, nous.

 

Parce que notre biophilie appelle de ses vœux que l’on fasse une place à la biodiversité en ne sacrifiant ni la nature, ni nos besoins primaires. Il est important de refaçonner notre manière de travailler pour permettre à tout Us-âgé, d’interagir avec la nature, les arbres, l’air frais, les montagnes, les domaines côtiers, l’eau, … dans les 3m, les 30m, les 300 m, le dernier km.

 

L’Homo est Philocale

La philocalie est l’amour de la vie et le besoin de beau et de bonté

 

Habitants et Philocalie, ou, tout ce qui répond au besoin inné de l’Homo de se connecter à la vie à travers ce qui est beau à l’oreille, au nez, au toucher, aux yeux, au ressenti et la perception de l’espace-temps d’un Habitat habité d’Habitants

 

Ce que la philocalie n’est pas votre madeleine de Proust. Ou, tout au moins, pas que. C’est l’amour de la vie et du beau. Et le beau passe par le droit au silence ou la symphonie des bruits, à une vue, une perspective, à un ressenti positif, à un courant d’air doux comme une bise, à une odeur de tilleul, au bleu du ciel, …

L’Homo est Additionnel

Être additionnel c’est le besoin vital de vivre en tribu

 

Habitants additionnels, ou, tout ce qui répond au besoin inné de l’Homo de se connecter à la vie, en restant en mouvement, à travers les rencontres et le partage.

 

C’est avoir besoin du regard de l’autre, du toucher de l’autre, de l’oreille de l’autre, de l’épaule de l’autre, pour exister.

 

C’est favoriser la rencontre qui est tout aussi vitale car rencontrer l’autre, c’est emprunter le chemin qui permet de se rencontrer soi-même, de rencontrer, en son très fond des parts de soi restées en sommeil. 

 

L’aménagement de la cité, de l’architecture doit permettre d’entretenir une logique d’interactions dans le respect des vulnérabilités. On va chercher à créer des écoquartiers qui répondent aux attentes de partage, de collectif, de ‘Vivre ensemble’ des habitants et de leurs visiteurs.

 

L’Homo est Pluriel

Être pluriel c’est avoir des besoins riches et variés au fil des âges

 

Habitants pluriels, qui répond au besoin inné de l’Homo de se connecter à la vie à travers les Us inhérents à ses âges

 

Être pluriel, c’est avoir 1 an, 10 ans, 20 ans, 50 ans, 70 ans, 100 ans. C’est être rapide ou lent, fort ou faible, en santé ou malade, … C’est avancer à quatre pattes, à deux pattes, à 3 pattes, à 4 roues. C’est danser debout ou assis. C’est lire caché sous ses draps avec 20 lux à 6 ans et, un jour, avoir besoin de 500 lux pour apprécier un bon roman.

 

Les Us-âges

Respecter les Us à travers les âges, c’est promouvoir une architecture prothétique qui anticipe toutes les étapes de la vie à tous les âges, dans toutes les situations, à travers tous les Us.
Respecter les Us à travers les âges, ce n’est pas s’accrocher à des us d’un autre temps, des us nuisibles à l’Homo dans son interdépendance à la biodiversité et à l’autre.

« Pour porter une architecture de demain plus respectueuse de l’Humain et par là-même, de la Nature »

3. Les 4 domaines d’interventions

L’urgence sociétale et climatique impose à nos métiers d’opérer une révolution conceptuelle et constructive transverse.

Chercher à préserver, les espaces naturels, la biodiversité, les arbres, l’eau, autant que le bâti existant, c’est respecter l’Homo dans ses 4 dimensions. Et respecter la biophilie de l’Homo, c’est respecter la nature. Une approche symbiotique et bénéfique pour tout le vivant.
Une approche gagnant-gagnant, sur tous les fronts, bâtis, organisationnels, technologiques et Humains, dès lors qu’on les traite au prisme d’une analyse sensible de ce que les occupants laissent à voir consciemment ou inconsciemment.

Les 4 domaines d'interventions appliqués respectivement au milieu culturel, à la santé et en Anglais :

         

Exemple de la méthodologie appliquée :

L'exemple de l'application de cette méthodologie est réalisée pour le section de la santé et du soin, avec comme enjeu le mieux vivre en centre de santé.

4. Reformuler la commande

Concernant quasiment tout projet, ma première réaction est souvent de bousculer le programme de la commande et par là-même la MO en l’invitant, avec force diplomatie et humanité, à élargir le champ des études pour y intégrer l’Homo-Humain dans toutes ses dimensions. Parce que l’architecture d’un site peut tout nous donner comme il peut tout nous empêcher.

 

Prenons l’exemple d’un projet de réhabilitation dans lequel il faut inviter à faire entrer du public mais pour lequel les abords sont exclus du champ d’intervention.

 

Bien évidemment, si vous considérez la sensibilité du visiteur, sans nier qu’il puisse avoir des difficultés sociales, sensorielles ou physiques à y entrer, vous aller chercher à le prendre « par les sens » pour l’inviter à passer cette porte. Or, cela implique de proposer un travail sur les abords afin de créer des liens visuels, auditifs, physiques, voire, olfactifs, intérieurs/extérieurs et extérieurs/intérieurs, alors que le programme ne le demande pas. Ces curiosités, ces expériences visiteurs œuvrent « à tendre vers et à inviter à » accéder à une histoire que l’on commence à raconter dehors, pour apprendre à vivre ensemble des espaces de vieS qui évoluent au fil de l’histoire de la ville et de ses Habitants. 

Pourquoi oser inviter le décideur à combler cet écueil ? Parce qu’il n’est pas encore suffisamment d’usage de poser les questions organisationnelles, bâties, technologiques et humaines du point de vu de l’Homo Biophile, philocal, additionnel et pluriel. Parce qu’il est encore trop souvent d’usage de se projeter dans des espaces uniquement fonctionnels, à travers des programmes fonctionnels et que cela amène à « déshumaniser » l’Homo qui devient aussi dur et froid que les lieux de vie le sont. Parce que notre travail consiste à raconter une histoire au coeur de laquelle le souffle de la vie, du vivant, de tout le vivant, est passé, passe et passera ; de réconcilier le citoyen-occupant-visiteur avec son environnement, sa ville, sa vie. 
Notre métier veut que l’on soit sérieux dans ce que l’on fait mais en cessant de nous prendre trop au sérieux, pour ne plus laisser sur le bord de la route ce citoyen qui se dit que l’histoire que raconte l’architecte et l’architecture, n’est pas la sienne.

 

Oser remettre en cause les commandes d’aujourd’hui, c’est se donner les moyens de comprendre le passé. Oser chercher à comprendre comment on en est arrivé à faire des erreurs est important, comme « ne pas uniquement s’auto-glorifier » est important. Comprendre où l’on va est essentiel et inviter à ne pas reproduire est vital. Or, il semblerait que bien des programmes urbains, paysagers ou architecturaux n’en soient pas encore arrivés là.

5. Mission d'AMO en Us-âges

Vous l’aurez compris, je ne cantonne pas mes missions d’AMO aux seules questions de handicaps, tout simplement parce que la personne en situation de handicap est, avant tout, à considérer comme un Homo parmi les autres. Aujourd’hui, fort des évolutions sociétales et d’un petit coup de pouce du COVID, je peux afficher et assumer, enfin, mes premières amours, ma mission d’âme et de cœur, à savoir, de replacer l’Homo, ce sensible penseur, au coeur des études et des projets, en lien avec l’autre, le vivant, TOUT le vivant.

Ma méthode de travail combine 2 approches systémiques, l’approche par l’Homo biophile-relationnel (dans sa relation à la nature et la biodiversité), philocale-relationnel (dans sa relation à la vie et au beau), pluriel-relationnel (dans sa relation à soi, ses Us-âges =>ses us à travers ses âges), additionnel-relationnel (dans sa relation aux mondeS, aux autres) ET l’approche croisée de 4 domaines d’interventions qui nous permettent d’agir efficacement sur la qualité de vie et d’accueil de lieux de vieS pacifiés et pacifiants.

 

Ma mission d’AMO, oeuvrer à :

1 – construire un projet dans le respect de l’Homo qui est en nous, en cessant de le maltraiter, en écoutant l’Homo biophile, philocale, additionnel et pluriel à travers ses Us-âges, 

2 – lui donner à s’autoriser à « Être et devenir » en impulsant un travail de discernement dans 4 domaines d’interventions indissociables que sont les domaines du bâti (mobilier-immobilier), de l’organisationnel (le comment), des nouvelles technologies (humanisantes) et de l’Humain (le contact).

 

Pour éclairer les programmes fonctionnels de nouveaux champs d’études, comme, par exemple, se demander comment notre projet pourrait, dans sa conception et les matériaux qu’il utilise, accorder l’architecture d’hier au monde d’aujourd’hui? Au citoyen d’aujourd’hui ? Au jeune d’aujourd’hui ? Au sénior d’aujourd’hui ? A l’urgence climato-sociale d’aujourd’hui, par-delà l’utilisation de matériaux biosourcés et recyclables, en résonance aux échos d’urgences Écologiques, Sociétales et Humaines qui s’imposent à la profession et au-delà, à tous les métiers. 

Et concrêtement

Notre vision pour le mieux vivre les habitats habités d’habitants.
Une approche systémique et globale qui impose de trouver des solutions décloisonnant défis humains et environnementaux.

Notre vision, infuser et faire adhérer aux bons us-âges la MO, maîtres d’ouvrages-constructeurs

  • Former aux 4 dimensions de l’Homo croisées aux 4 domaines d’interventions, aux Us-âges et évolutions sociétales au moyen d’ateliers, de communications, de programmes d’Us-âges,
  • Inviter à établir des appels d’offres par défis, par us-âges, et non plus seulement par discipline
  • Inviter à contractualiser les objectifs de santé mentale conditionnés par le respect des 4 dimensions de l’Homo-visiteur-occupant pluriel d’Us-âges, additionnel, philocale et biophile qui a un besoin vital de nature et de biodiversité
  • Les accompagner à chaque étape de conception et de construction des projets

Notre vision, œuvrer et distiller les bons us-âges auprès de la Moe, des architectes-concepteurs

  • Les sensibiliser au discours de la méthode intégrant les 4 dimensions de l’Homo
  • Les sensibiliser à l’interdépendance des sujets environnementaux et Humains biophiles afin d’améliorer la qualité de vie, la qualité d’us-âges et la santé mentale de tous visiteurs et habitants, dont les personnes en situation de handicap social, … sensoriel, mental, psychique, physique, … des seniors, des étudiants, … » Et afin de lever pacifiquement tout comportement écocide

La décision de mener une opération de construction, quelle qu’elle soit, devrait être prise après avoir vraiment considéré l'essence même de l’homo, dans 4 domaines (bâti, orga, techno, serviciel), à 4 échelles (Triangle, 30, 300 , dernier km), à court terme, moyen terme et long terme.

Cet objectif pourrait faire aujourd'hui consensus : élaborer toute opération autour de facteurs reliants déterminants. Des clés d’entrées incontournables qui permettraient une approche holistique du vivant.

« Une méthode qui nous ramène aux réalités d’un monde sensible à redessiner tel que nous devrions l’habiter »

Nadia Sahmi