Lieux et objets de culture pour tous
Lieux et objets de culture pour tous, qui offrent des aménagements adaptés à l’accueil de tous les profils de visiteurs en développant une offre innovante et adaptée aux lieux, aux œuvres, à chacun et, un bouquet de solutions Humaines, technologiques, organisationnelles, numériques adaptées aux lieux, aux œuvres et à chacun.
Journaliste – Laurent Lejard – Revue Yanoos
Article en entier
INTRODUCTION
En prenant bien soin de ne pas généraliser, ne nous le cachons pas, faire place à la personne en situation de handicap et surtout, aux outils et aménagements qui rendent accessibles les lieux et les œuvres aux personnes en situation de handicap, aux grands séniors, aux illettrés, pour ne citer qu’eux, demande encore, en 2021, de déployer une indicible énergie auprès de ses détracteurs, dont les faiseurs d’Arts.
L’on pourrait pourtant se dire que là où toutes les formes d’expressions ont, aujourd’hui, droit de citer, en abolissant symboliquement toutes les frontières entre le corps, le sensible, le dominant, le dominé, l’étrange, le suspect, l’esprit, le naturel et le surnaturel et tous les êtres, surtout ceux qui ne s’inscrivent pas dans la normalité imposée par la société bienpensante, nous devrions tous-tes y être, aussi, bien accueillis.
Et bien il faut croire que les canons de la renaissance ont la peau dure puisqu’il faut encore mener une lutte de tous les instants avec la majorité des acteurs, créateurs, conservateurs, scénographes, muséographes, architectes et architectes d’intérieurs, décideurs et financeurs, AMO et conseillés en tout genre, pour introduire l’utile, le pratique, le nécessaire à un visiteur constitué de chair et de sueur dans notre environnement bâti, dont les temples de l’éphémère et du subjectif.
J’en prends pour exemples, dans nos magasines d’art, de design et d’architecture ces photos dont jamais l’élégance n’est entachée de l’ombre d’un individu, ou parfois, un canon de beauté et, la lutte de tous les instants que je me souviens avoir menée il y a 20 ans de cela, pour réussir à introduire ne serait-ce que des sanitaires dans les espaces d’accueils de certains lieux patrimoniaux.
METHODOLOGIE
Fort de ces expériences humaines et professionnelles empiriques et parce que notre objectif est bien d’améliorer la qualité d’accueil et de visite de tout type de visiteur, il m’est apparu capital de proposer aux maitres d’ouvrages et maitres d’œuvres, une approche globale de la qualité d’Us-âges des lieux, des Êtres et des Oeuvres.
En effet, aborder la question de la qualité de l’accueil de tous les visiteurs, dont les visiteurs en situation de handicap, dans le respect des œuvres, permet de mieux accompagner les décideurs et les aménageurs. Cette dynamique les rend plus naturellement enclins à concevoir que l’on œuvre de concert, à donner à tous, la possibilité de profiter des lieux culturels dans les meilleures conditions.
Aborder autrement la question du handicap, c’est aussi avoir une approche chiffrée différente :
15 % de la population européenne souffre d’un handicap.
46 % ressentent un sentiment de discrimination du fait de leur handicap temporaire
ou permanent et ce chiffre passe à 66 % en France. Ce pourcentage intègre les personnes en situation de handicap, les séniors ainsi que « nous autres ».
Il est important de dépasser la question règlementaire et d’aborder simultanément :
Loi Vieillissement décembre 2015 applicable depuis le janvier 2016.
Loi Handicap de février 2005 et l’obligation de Registre d’accessibilité disponible sur simple demande, que nous appelleront ‘protocole d’accueil’ afin de lui rendre sa part d’Humanité. Attention : certaines exigences « handicap moteur» sont en opposition avec les exigences « handicap vieillissement ».
Par ailleurs, l’étude « Nouveaux publics, nouveaux usages : quel musée pour demain ? » de M. Richard de la Délégation à la stratégie et à la programmation précise les attentes des visiteurs :
41 % des sondés souhaitent se détendre en visitant un musée
35 % attendent des améliorations sur les espaces de confort / de détente (repos, assises, …).
Avoir la liberté de découvrir les œuvres à son rythme sans se voir imposer de sens de visite ou de temps de visite.
Pour 54 % le musée doit être un lieu proposant un contenu culturel mais aussi des services annexes (restaurant, bar, magasins… ).
63 % des sondés souhaitent ressortir de la visite plus détendus (et pas fatigué).
SANS OUBLIER la fracture numérique qui s’amplifie, complexifie parfois plus qu’elle ne simplifie :
20 % de Français ne sont pas équipés de smart phones.
17 % des Français ne sont pas équipés d’internet.
20 % des Français sont illettrés.
Et il n’y a pas de différence d’attentes entre un espace culturel et un autre… entre un musée et une bibliothèque, entre un individu et un autre, quelque-soit sa différence.
Afin de traiter au mieux la question de l’accès à la Culture pour Tous, 4 AXES FÉDÉRATEURS, interdisciplinaires et incontournables doivent donc être traités si l’on veut être en mesure d’accueillir et fidéliser le visiteur.
UNE APPROCHE SYSTÉMIQUE impliquant :
4 temps de contact, dans 4 domaines d’expertise, avec 4 actions clés, auprès de 4 acteurs clés.
Fort de ces travaux, un certain nombre de questions clés ont commencé à être répertoriées. Elles ont pour principaux objectifs de supprimer les dangers, les impossibilités, les gênes et d’offrir des prestations d’accueil et de services qualitatifs adaptés et diversifiés.
Cette approche exige de ne pas se tromper de paradigmes de base et d’identifier l’ensemble des temps de contacts et des acteurs qui permettront d’améliorer la qualité d’accueil et de visite de tous dont les plus fragiles.
Par exemple, si l’on croise les temps de contacts et les domaines d’interventions qui doivent intégrer les objectifs d’Us-âges de la vie quotidienne, pour construire une approche cohérente du lieu culturel, l’on se doit de questionner :
L’achat de billet à domicile qui sollicite les outils technologiques, internet, l’Humain, le relais téléphonique
Le filtrage physique – Vigipirate, les portes d’entrées qui sollicite le bâti, l’Humain et les technologies
L’achat de billets sur place et L’accueil physique sont son personnel d’accueil qui sollicitent le bâti, le mobilier, les technologies, et l’Humain
Comment gère-t-on l’accueil individuel, l’accueil des groupes constitués et l’accueil de groupes des plus fragiles ?
Comment aider les visiteurs à trouver les salles ? À les différencier ? À se poser, se retrouver, patienter (fatigable, endolorie, …) ? À s’asseoir, boire, s’alimenter, attendre à l’abris, se soulager, déposer les affaires lourdes, les retrouver, recharger ses appareils dont son fauteuil roulant électrique… ? Que m’offre-t-on pour palier à ma fatigabilité ? Etc, etc.
Les 4 principaux domaines d’interventions cités ci-avant, doivent être renseigner des mesures prises pour assurer la mise en place d’une politique d’accueil et de services adaptés à chacun dans sa différence lors des 4 temps de contacts des visiteurs et de leurs besoins particuliers.
Prenons l’exemple des Visiteurs avançant en âge dont certaines particularités sont de circuler lentement, d’accéder précautionneusement, de gérer leur fatigabilité, leur douleur, leur difficulté de lecture et encore, leur difficulté à entendre, … ; ou les visiteurs Mal-marchants qui doivent gérer leur fatigabilité et leurs douleurs, …
Et encore, des visiteurs aveugles ou mal-voyants dont certaines particularités exigent le guidage, les cheminements exempts d’obstacles dangereux, l’accéder à l’information sonore et tactile, …
DES ŒUVRES POUR TOUS
Et puis il y a le travail à faire avec les artistes. Non pas le service de médiation, qui viendra en compensation, mais bien avec les artistes eux-mêmes dès lors que l’œuvre s’y prête et c’est plus souvent le cas que l’on ne le croit.
« QUAND L’ART RENCONTRE LA QUALITE D’US-AGES » A LA SAMARITAINE
Prise en compte des évolutions sociétales et des attentes de Qualité d’Accueil conscientes et inconscientes de tous les visiteurs du Grand Magasin de la Samaritaine et des Restaurants Voyages. Lieux de consommation et d’évènements-exhibitions.
La particularité du mot, les Us et les Âges illustrent l’approche globale développée à l’échelle de la Samaritaine et des restaurants Voyages, notamment avec 2 artistes, Jordane Saget et Wilmotte.
Pour exemple, l’invitation de l’Artiste Jordane Saget à intervenir sur les miroirs de l’Espace Voyage. Miroirs qui auraient pu générer des leurres visuels dans l’espace Voyage. Jordane a contribué à enrichir le lieu de son Art tout en apportant une réponse artistique aux visiteurs qui présentent des difficultés visuelles de naissance ou liées à l’âge et, qui, de fait, pourront évoluer dans l’espace Voyage en toute sécurité.
Le travail de Wilmotte sur le Bar, est lui aussi très intéressant. Ils ont trouvé le juste design pour intégrer au Bar, les éléments qui permettent à un client de partager un moment de convivialité avec ses amis accoudés au bar, qu’il soit en fauteuil Roulant ou de petite taille.
Un travail qui a su allier Art et Diversité des âges, des Us et des conditions physiques, sensorielles et mentales à l’échelle de tout le projet, dans le respect du patrimoine, des Artistes et des visiteurs.
Une magnifique démonstration qu’il est possible de faire du beau, de l’Art, de l’Architecture et du Design à partir de contraintes délicates. Parce que tout le monde mérite que les aménagements réalisés à leur intention soient beaux. Parce que l’Art fait du bien à l’âme. Parce que l’Art revalorise l’Être. Parce que les clients le valent bie
« QUAND L’ART RENCONTRE LA QUALITE D’US-AGES » CHEZ LUMA ARLES
La particularité du mot, les Us et les Âges illustrent l’approche globale développée à l’échelle de LUMA Arles avec 2 des artistes qui signent le lieu, Charles Arsène Henry, qui a su s’approprier le sujet et l’introduire dans son œuvre et Carsten Holler qui a su adapter son célèbre Toboggan aux personnes utilisant un fauteuil roulant (dès lors que leur santé leur permet de descendre un Toboggan.